L’homme de René Descartes et La Formation du Foetus avec les remarques de Lovis de la Forge à quoi l’on a ajouté Le Monde ou Traité de la Lumière du même auteur.
Cinquième partie : De la structure du cerveau de cette machine et comment les esprits s’y distribuent pour causer les mouvements et les sentiments.
[…] Secondement, pour ce qui est des pores du cerveau, ils ne doivent pas être imaginés autrement que comme les intervalles qui se trouvent entre les filets de quelque tissu : car en effet tout le cerveau n’est autre chose qu’un tissu composé d’une certaine façon particulière, que je tâcherai ici de vous expliquer.
Concevez la superficie AA, qui regarde les concavités EE, comme une résille ou lacis assez épais et pressé, dont toutes les mailles sont autant de petits tuyaux par où les Esprits Animaux peuvent entrer, et qui regardant toujours vers la glande H, d’où sortent ces Esprits, se peuvent facilement tourner ça et là vers divers points de cette glande […] et pensez que de chaque côté de cette résille il sort plusieurs filets fort déliés dont les uns sont ordinairement plus longs que les autres ; et après que ces filets sont diversement entrelacés en tout l’espace marqué B, les plus longs descendent vers D, puis de là, composant la moelle des nerfs se vont épandre par tous les membres.[…]
Le chapitre LXIV de cette cinquième partie se propose ensuite d’expliquer Comment se fait la distribution des Esprits et d’où vient l’éternuement, et l’éblouissement ou vertige.
Il faut savoir que ces Esprits sont de nature remuante, et qu’ils n’ont de cesse de se déplacer. Ainsi […] à mesure qu’ils entrent dans les concavités du cerveau EE, par les trous de la petite glande marquée H, ils tendent d’abord vers ceux des petits tuyaux a,a, qui leur sont le plus directement opposés ; et si ces tuyaux a,a, ne sont pas assez ouverts pour les recevoir tous, ils reçoivent au moins les plus fortes et les plus vives de leurs parties, pendant que les plus faibles et superflues sont repoussées vers les conduits J,K,L, qui regardent les narines et le palais ; à savoir les plus agitées vers I, par où, quand elles ont encore beaucoup de force et qu’elles n’y trouvent pas le passage assez libre, elles sortent avec tant de violence, qu’elles chatouillent les parties intérieure du nez, ce qui cause l’éternuement ; puis les autre vers K et vers L, par où elles peuvent facilement sortir, parce que les passages y sont fort larges ; ou si elles y manquent, étant contraintes de retourner vers les petits tuyaux a,a, qui sont en la superficie intérieure du cerveau, elles causent aussitôt un éblouissement, ou vertige, qui trouble les fonctions de l’imagination […]
Pour lire l’ouvrage de Descartes dans sa seconde édition, revue et corrigée de 1677, c’est ici sur Gallica.