Le cœur gros

Le cœur, c’est ce que je crois donner. Chaque fois que ce don m’est ren­voyé, c’est alors peu de dire, comme Wer­ther, que le cœur est ce qui reste de moi, une fois ôté tout l’esprit qu’on me prête et dont je ne veux pas : le cœur, c’est ce qui me reste, et ce cœur qui me reste sur le cœur, c’est le cœur gros : gros du reflux qui l’a rempli de lui-même (seuls l’amoureux et l’enfant ont le cœur gros).

Roland Barthes, Frag­ments d’un dis­cours amou­reux (Le cœur § 3)